LA FORME DE SON CORPS AVEC L'EXCÈS DE SABLE : Romain Kronenberg

23 Mars - 6 Mai 2017

Commissariat de l'exposition : Audrey Teichmann et Matthieu Lelièvre, Diffraction

"Sur fond d'immensité marine ou rocheuse. Sur fond de cité vide ou de cargo non moins désert. Le fond est justement ce qui a lieu sans lieu : masses énormes et lointains, déplacements sur place, poussées profondes - et dérives, départs, errances qui font valoir leur très précise ordonnance. On écoute. On regarde. C'est un seul et même geste qui filme et qui parle. Une même image qui ne cesse de monter du fond et de s'enfoncer en lui."

 

Jean-Luc Nancy, Les Mythes de Romain Kronenberg

 

La forme de son corps avec l’excès de sable est une exposition monographique de Romain Kronenberg, dont la mise en œuvre en appelle à des présences fantomatiques. Composée d’un ensemble de trois projets vidéos et photographiques, elle emprunte son titre à la dernière pièce de l’artiste, tournée pendant une traversée de la Méditerranée en cargo, présentée pour la première fois et produite par la Galerie Laurence Bernard. 

La fraîcheur de cette réalisation, que les aléas propres au voyage ont pu changer, parle du processus engagé par l'artiste, tandis que la proposition curatoriale porte en creux un lien immatériel avec l'œuvre de Bas Jan Ader, dont le voyage aux confins et la mélancolique ironie ont généré cet embarquement littéral.

 

Rien que de la terre, et de plus en plus sèche (2015), Jusqu'aux régions qui gisent au-delà de la mer (2016) et La forme de son corps avec l'excès de sable (2017) forment ainsi l'antichambre de nombreux départs et d'un seul retour. Les paysages forgent des environnements sur lesquels semblent ne pas avoir de prise des personnages contraints au huis-clos dans ces cerclages de roche ou d'acier. Statuaires, les personnages soumettent leur profil à cette globalité d'humanité dont traitent ces œuvres manifestement mythologiques. Cette coloration de la parole émise change l'aventure individuelle en récit des origines, dont la transmission orale attise des foyers autour desquels se réchauffent des esprits hantés par la prévision d'une fin de cycle, vers laquelle ils se dirigent avec la lenteur empressée de l'âme résolue à avancer vers la catastrophe sans trop en subir l'inévitable impact.

 

Audrey Teichmann, commissaire d'exposition