Le dialogue en tant que forme de création, le déchet en tant que forme potentielle, le vide en tant que forme du possible 

✦ Née en 1929 en Roumanie, Marion Baruch vit et travaille aujourd'hui en Italie. Elle propose une oeuvre au féminin, socialement engagée et audacieuse, qui cherche constamment la remise en question de son statut en s'ouvrant vers de nouvelles dimensions, par le biais de performances, d'installations et de sculptures au caractère contestataire à la fois politique et poétique. Son travail récent poursuit cette recherche dialectique entre l'oeuvre d'art et la société. Créées à partir de chutes de tissu de l'industrie textile, ces sculptures introduisent un dialogue entre deux forces immatérielles : l'espace et la mémoire. Le dialogue en tant que forme de création, le déchet en tant que forme potentielle, le vide en tant que forme du possible et la médiation comme acte de création, sont quelques-unes des règles du jeu que Marion Baruch a depuis toujours fidèlement respectées. Ce faisant, l'artiste se confronte aux thématiques du corps, du monde productif, et de la consommation des ressources. ✦ 

 

Collections publiques:

 

Art Collection Roche, Basel, Switzerland

Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea, Rome, Italy

Groninger Museum, Groningen, The Netherlands

Kunstmuseum Luzern, Lucerne, Switzerland

les Abattoirs, Musée – FRAC Occitanie Toulouse,Toulouse, France

MA*GA, Museo Arte Gallarate, Gallarate, Italy

MAM, Musée d’Art Moderne de Paris, Paris, France

MAMBO, Museo d’Arte Moderna di Bologna, Bologna, Italy

MAMCO, Musee d’art moderne et contemporain, Geneva, Switzerland

Migros Museum, Zürich, Switzerland

MRAC Occitanie, Musée Régional d’Art Contemporain, Sérignan, France

Museion, Museo di arte moderna e contemporanea, Bolzano, Italy

 

Lien vers la Video Le Temps:

 

Lien vers l'article de Tranverse d'Anne-Marie Morice

 

Pour en savoir plus:

Marion Baruch est née en 1929 à Timisoara en Roumanie. Très jeune, elle savait qu’elle voulait devenir artiste. Réfugiée à la campagne pendant la guerre, elle dessinait tous les jours. En 1948, elle commence ses études à l’Académie des beaux-arts de Bucarest dans une époque fortement marquée par le régime stalinien.

A 20 ans, la jeune femme a l’opportunité de quitter la Roumanie et décide de partir en Israël. Elle y intègre l’École des beaux-arts Bezalel et fréquente les cours de Mordecai Ardon, un artiste du Bauhaus qui a également été l’élève de Paul Klee.

Quatre années plus tard, Marion Baruch fait sa première exposition personnelle en présentant des grands dessins à la galerie Micra-Studio de Tel Aviv. Grâce à cette visibilité et aux critiques positives reçues lors de cette exposition, elle reçoit une bourse d’étude et part s’installer en Italie. Elle étudie la peinture aux Beaux-Arts de Rome et commence à travailler pour l’industrie textile en dessinant des imprimés.

Dans les années 1960, Marion Baruch se tourne vers l’abstraction et dans les années 1970, l’artiste passe à la sculpture de grandes dimensions. Elle crée des sculptures en métal dans un style qui reprend l’architecture moderne. Elle fait également la rencontre du designer A. G. Fronzoni avec qui elle réalise des oeuvres de design expérimental. Ils vont collaborer sur les oeuvres intitulées Abito-Contenitore et Contenitore-Ambiente. Cette dernière oeuvre consiste en une grande boule en plexiglas qui peut contenir une personne et circuler en roulant. Les images de cette oeuvre prises par le photographe Gianni Berengo Gardin feront le tour du monde.

Cette incursion dans le monde du design va marquer la pratique de Marion Baruch et la diriger vers l’art conceptuel. Elle va également developper un intérêt pour la production industrielle.

Dans les années 1990, Marion Baruch s’engage dans la mouvance artistique appelée art relationnel dont la pratique repose sur la question de la relation. Comme l’a décrit le critique d’art Nicolas Bourriaud, l’idée derrière ce concept était de théoriser des pratiques contemporaines qui « prennent pour point de départ théorique et/ou pratique la sphère des rapports humains. » Sa rencontre avec le galeriste Luciano Inga Pin va marquer un tournant dans sa carrière. L’artiste va, pendant quatre années, être propulsée dans le marché de l’art. Son travail sera présenté dans les foires les plus importantes comme ArtBasel et ArtCologne.

C’est également à cette époque que l’artiste va créer Name Diffusion, une entreprise commerciale qui deviendra une association. Sous ce label, Marion Baruch va mener des actions artistiques collectives qui traitent des problématiques socio-politiques, de la mobilité, de la mondialisation migratoire et de l’exil. Comme l’explique Noah Stolz, l’un des curateurs de la rétrospective au Kunstmuseum Luzern: « le label devient quelque chose qui institutionnalise l’artiste mais en même temps, cela lui permet de libérer l’espace relationnel. »

En 2007, l’artiste s’installe à Gallarate, près de Milan. Atteinte d’une dégénérescence maculaire, elle doit renouveler sa pratique. Comme le décrit le curateur, Marion Baruch « entame un changement radical de sa démarche, en revenant aux éléments basiques de la pratique artistique comme les couleurs, les formes, les contrastes. » De nouvelles références et priorités s’offrent à elle et deux forces immatérielles dialoguent désormais dans ses oeuvres : l’espace et la mémoire.

C’est à cette période que Marion Baruch va commencer à travailler sur le tissu qu’elle utilise en tant que mémoire culturelle d’une diversité. La diversité culturelle l’a toujours interpellé. Elle va travailler avec des migrants et organiser des workshops pendant lesquels elle va offrir aux participants la possibilité de composer des objets, des chaînes et des liens avec les tissus collectés. Elle découvre que ces chutes de tissus peuvent être transformées en oeuvres d’art.

Dès 2013, l’artiste va intervenir sur des chutes de tissus dans lesquelles ont été découpés des jupes, des manches, des pantalons… De manière intuitive, elle va sélectionner et arranger ces chutes en les liant, les nouant ou les tressant. Ces pièces seront ensuite suspendues au plafond ou épinglées au mur. Elles prendront ainsi forme au hasard de la pesanteur et de la souplesse du tissu.

Pour Noah Stolz, « Marion Baruch s’amuse à revivre son amour pour l’art et à tisser des liens. C’est en travaillant la matière qu’elle voit apparaître une forme et si cette forme lui convient, elle va lui donner un titre. » « Elle opère sur un matériel qui est un déchet mais elle lui redonne un cycle de vie. C’est la représentation au stade le plus simplifié possible. »

Les tissus deviennent après sa transformation des œuvres visuelles, à la fois sculptures, portraits ou éléments architecturaux. Marion Baruch y observe les mondes intérieurs et les espaces extérieurs. Elle considère le vide de ses oeuvres comme un espace libre dans lequel le visiteur peut pénétrer.

Marion Baruch a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives (Italie, France, Suisse, Allemagne…). Ses oeuvres sont entrées dans plusieurs collections publiques comme le MAMCO, Musée d’art moderne et contemporain de Genève, la Galleria d’Arte Moderna de Rome ou encore le Musée d’art moderne de la ville de Paris et le MIGROS Museum (Zurich).