Exposition personnelle - Un Jardin
Les œuvres de Selina Baumann construisent Un Jardin, un royaume peuplé de volumes en céramique : formes plastiques, organiques, ancestrales. Les sculptures occupent l'espace comme des corps de matière vibrante, de céramique poreuse, de continuum glacé d'une seule unité de matière moulée.
Les pièces de Baumann se déplacent en étant stables, habitent, posent des questions en se rapportant à des conformations ataviques ; perçues comme des personnages, chacune d'entre elles est un porteur individuel transitoire de méta significations par lesquelles, une réponse du spectateur, une réaction, est initiée.
Les sculptures - étant à la limite du biologique et de la matière - sont toutes des figures fortes, un groupe abstrait, uni d'une certaine manière par une quête primitive mais organique, impérieuse, rédemptrice, pour que nos sens soient déclenchés, pour que les formes ancestrales éveillent les perceptions à travers un signifiant obscur.
Le paysage à la fois clos et ouvert, ce jardin, permet de s'approcher, de se promener, de s'émerveiller et d'errer. Chaque pièce évolue vers des perspectives verticales et latérales, provoquant une perception alternative et pourtant convaincante des formes. Ces formes développées par l'artiste à travers un seul mouvement ininterrompu, un geste instinctif, semblent conquérir l'argile, comme des récipients pour susciter des réponses comme des échos.
Les œuvres semblent survenir comme une conséquence de leur propre transformation, défiant leur interprétation : ici, l'éphémère rencontre le phénomène, la matière. Les formes allongées affirment un renouvellement perpétuel, un changement continu... elles évoquent la convoitise, la sensualité, la faim tactile.
Les pièces de Baumann véhiculent des ressemblances ataviques, se dressent comme des figures totémiques, se posent comme des formes archaïques, des symboles formés par la foudre, des nœuds, des croix, des spirales, des corps allongés. La matière brute ou vernie laisse transparaître le geste de l'artiste, il n'y a pas de séparation - en observant les sculptures - entre la pièce finie et le processus de sa formation : c'est une double infinité de significations, de références et de coordonnées toutes également possibles.
Chiara Valci Mazzara - Åplus Gallery
